Bonjour à tous !
Suite à mon premier article, où je vous ai présenté de façon théorique et généraliste la façon dont la TCC fonctionne, je me suis dit qu’il serait utile de revenir sur le déroulement de la thérapie, de façon plus concrète.
Si vous êtes déjà suivi au sein du cabinet et que nous avons entamé ensemble une TCC, vous devez déjà avoir une petite idée de ce que vous allez lire. Dans tous les cas, cela vous permettra de vous situer dans le processus thérapeutique. Pour les autres, cela vous donnera une idée des différentes étapes lorsque l’on engage une TCC, pour vous aider à vous projeter (ou non) dans ce type de thérapie.
Néanmoins, je tiens à préciser que tout cela est très « théorique ». Dans la réalité, les choses sont souvent plus compliquées, du fait de la complexité des problématiques rencontrées par les patients et d’une multitude de facteurs dont tous les bouquins du monde ne peuvent pas tenir compte. Cela pour vous rassurer, car si vous avez entamé une TCC, que cela soit avec moi ou un autre thérapeute, il ne faut pas paniquer si votre thérapie ne ressemble ou ne se déroule pas à 100% comme je vais vous le décrire. Ce que je vous dis ici est théorique. C’est la façon dont cela devrait se dérouler si nous vivions dans un monde parfait. Ne paniquez pas, donc, et n’hésitez pas à aborder cette question avec votre thérapeute si vous avez le sentiment que votre thérapie ne suit pas le bon chemin !
Revenons-en à nos moutons, à quoi ça ressemble, concrètement, une TCC ?
- Étape 1 : prise de contact et diagnostic
Avant toute chose et pour pouvoir vous prendre en charge, votre thérapeute a besoin de savoir à quel problème vos plaintes correspondent. S’agit-il plutôt d’une phobie ? D’un trouble panique ? D’un trouble d’anxiété sociale ? Des 3 en même temps ? Eh oui, cela arrive, la réalité n’est jamais simple.
Pour cela, on s’aide en général des critères du DSM-5, le manuel d’aide au diagnostic des psychiatres et des psychologues.
Par contre, et c’est important de le mentionner, ce n’est pas le diagnostic qui va nous dire quelle thérapie nous allons mener. Je m’explique. Imaginons que vous souffrez d’un Trouble d’Anxiété Sociale (TAS), on ne va pas partir du principe que « ah tiens, c’est un TAS », et appliquer une méthode magique et universelle que l’on utiliserait avec tous les autres patients TAS.
Contrairement aux à priori qu’il peut y avoir sur la TCC, la thérapie est individualisée et s’adapte à chacun, car ce qui va nous intéresser, et ce qui va guider la thérapie, plus que de savoir si vous souffrez de TAS, c’est de savoir comment le TAS fonctionne et se manifeste chez vous ! Ainsi, on pourrait dire : à chacun son TAS, à chaque TAS sa TCC ;).
- Étape 2 : La ligne de base et l’analyse fonctionnelle du trouble
Il s’agit d’une étape CRUCIALE en TCC : celle de la compréhension de votre problème. Il s’agit d’analyser et de comprendre le problème : comment est-il survenu ? Comment il fonctionne ? Comment il perdure ?
Cela peut être frustrant en tant que patient, car lorsque l’on souffre, on aimerait aller directement à l’étape de la thérapie, pour aller mieux, et être soulagé rapidement. Malheureusement, avant d’agir, il nous faut comprendre ce qui dysfonctionne. Un peu comme lorsque vous emmenez la voiture chez le garagiste, il a besoin de savoir ce qui ne va pas sur votre voiture (le moteur ? les freins ?) avant de la réparer.
Malheureusement cette étape peut prendre du temps. Mais elle est indispensable à la réussite de votre prise en charge.
Pour réaliser cette mission, le thérapeute dispose de nombreux outils. En TCC vous allez le découvrir, nous aimons bien remplir des questionnaires ! Rien à voir pour autant avec ce que vous pouvez trouver dans psychologie magazine ou dans télé 7 jours. On s’amuse avec des questionnaires, certes, mais on en utilise des validés par la science pour nous aider à plusieurs niveaux :
- Identifier votre problème : de quel trouble s’agit-il ?
- Quantifier votre problème : degré de sévérité, fréquence d’apparition.
- Mieux comprendre votre problème : comment fonctionne-t-il ?
- Cerner l’évolution de votre problème au fil du temps ET surtout, de la thérapie
- Étape 3 : contrat thérapeutique = définir ses objectifs
Cette étape est le moment de définir avec le thérapeute ce que vous souhaitez travailler et de déterminer des priorités : que travaille-t-on, que travaille-t-on en premier ?
Pour cela, le thérapeute va pouvoir s’appuyer sur ce que vous voulez être capable de (re)faire, sur ce que vous feriez si votre trouble n’était pas aussi handicapant. Dans le cas d’un TAS, par exemple, cela peut-être : réussir à parler en public sans se laisser submerger par la peur du jugement de l’autre.
Pour cela nous allons définir des objectifs les plus concrets possibles, afin de guider les interventions que nous allons mettre en place. Ces objectifs guideront la thérapie, et c’est à eux que nous allons nous référer pour évaluer son efficacité.
- Étape 4 : Intervention thérapeutique
Il s’agit ici du cœur de la thérapie, et de ce pourquoi le patient consulte à la base. Les méthodes et outils qui seront utilisés à cette étape découlent directement de l’analyse fonctionnelle qui aura été réalisée en amont, d’où son importance.
Par exemple, si on s’est aperçu dans l’analyse fonctionnelle que le fait d’éviter de se confronter au regard des autres dans le TAS était un facteur de maintien du trouble, alors nous allons mettre en place des techniques d’exposition progressive au regard de l’autre.
Pour vous donner une idée des outils et méthodes que l’on peut retrouver à cette étape :
- Psychoéducation
- Restructuration cognitive,
- Exposition,
- Résolution de problème, etc.
Il faut avoir à l’esprit que l’objectif ici est de transférer le plus de compétences possibles au patient pour le rendre autonome dans la gestion de son trouble, pour qu’il devienne, à terme, son propre thérapeute.
Étape 5 : Fin de la thérapie, réévaluation des résultats et prévention de la rechute.
L’étape ultime de la TCC est de pouvoir évaluer l’évolution du trouble, avec les questionnaires de départ et de voir si la TCC a permis de réduire les symptômes et les plaintes initiales. Nous allons aussi regarder les objectifs fixés, et ainsi évaluer s’ils ont été remplis ou non. Êtes-vous aujourd’hui capable d’affronter le regard des autres là où vous ne pouviez pas l’envisager au départ ? Si oui, la mission a été remplie !
La fin de la thérapie est également l’occasion d’un bilan : qu’avez-vous appris pendant la TCC, qu’est-ce qui a été utile ? Le plus utile ?
Nous évoquons également la possibilité d’une rechute. Comment gérer en cas de recrudescence des symptômes, quelles situations pourraient être à risque et comment les préparer ?
Dans tous les cas, il est possible pour le patient de revenir voir le thérapeute de temps en temps, afin de faire des points, des piqûres de rappel, et de travailler sur des problématiques ponctuelles ou spécifiques.
Et voilà pour ce loooong article. Sa longueur n’a d’égale que la TCC, qui est un long parcours (contrairement aux idées reçues), un cheminement parfois fastidieux, qui se déroule selon les différentes étapes que vous venez de lire.
J’espère que cela permettra de mieux comprendre le fonctionnement d’une TCC, et pour ceux qui sont en cours de thérapie, de se repérer dans le processus thérapeutique.
Dans tous les cas, ne doutez pas que je reviendrai sur certaines étapes plus en détail dans d’autres articles ;).

